Le langage de 0 à 4 ans
Le langage est la forme la plus élaborée de la communication. Participer à son acquisition par l'enfant est une des fonctions éducatives majeures de l'assistante maternelle et, si elle accueille des tout-petits, de l'assistante familiale.
Le développement du langage nécessite que l'enfant présente des structures neurologiques et sensorielles adéquates, mais pas uniquement. Il doit aussi bénéficier d'un environnement stimulant au plan communicatif.
QUELQUES REPÈRES...
Le développement du langage est très variable d'un enfant à l'autre, mais des repères existent :
Avant la naissance :
Dès la vingt-cinquième semaine, le système auditif du fœtus est fonctionnel. Il lui permet d'entendre les voix et de réagir au changement d'ordre de deux syllabes (biba/babi).
A quelques heures :
Le bébé est déjà capable d'imiter des mimiques : pousser sa langue vers l'avant (protrusion de la langue), ouverture de la bouche...
A 3-4 jours :
Le bébé peut distinguer "ba" et "pa". Il capte les expressions du visage, fixe les yeux et la bouche de l'adulte qui lui parle.
Vers 8-15 jours :
Le bébé reconnaît la voix de sa mère qu'il a entendue in utero et dont il a pu enregistrer la courbe mélodique. Il est sensible au rythme, aux intonations de sa langue.
On observe également des phénomènes de contagions vocale : le bébé crie quand il entend les autres crier.
Vers 1 ou 2 mois :
L'enfant babille. Les émissions sont caractérisées par la prédominance des voyelles. Le babil peut servir à exprimer le plaisir ou le déplaisir, à appeler. Le bébé réagit à la voix, manifeste des expressions de plaisir ou de douleur. S'ajoute au registre vocal, une communication non verbale par les regards, les gestes, la mimique.
Plus l'adulte interagit avec lui, plus le bébé babille.
Vers 3 mois :
Le bébé produit ses premiers "areu", ses premiers éclats de rire et ses premiers cris de joie. Il module sa voix.
Il répond par un sourire intentionnel. Il réagit au "non".
De 5 à 9 mois :
La boucle audio-phonatoire, c'est-à-dire l'interdépendance entre la fonction auditive et le rendement vocal, se met en place grâce à la maturation qu'a atteinte le système nerveux central. Le bébé différencie ses lallations (gazouillis) et son jasis devient de plus en plus riche. Il produit des bruits avec sa bouche. L'imitation vocale se met en place.
Il produit des syllabes avec des voyelles telles que le "a" et le "e" et des consonnes réalisées avec les lèvres "p", "b", "m". Les doublements de syllabes se multiplient. Les "papapapa" deviennent progressivement des "papa". On passe de la voix à la parole.
L'intonation du discours de l'adulte est reproduite.
La notion de plaisir est importante.
De 9 à 12 mois :
C'est la période d'apparition des premiers mots. Un enfant qui ne parle pas du tout à cette période, c'est déjà un signe d'alerte. Mais il faut tenir compte de l'ensemble de son développement : sa compréhension, son éveil, ses aptitudes cognitives.
A cette période, l'enfant utilise des proto-mots, c'est-à-dire des mots qu'il s'est fabriqués et auxquels il attribue un sens qui lui est tout à fait personnel. C'est à l'adulte de faire des hypothèses et d'attribuer du sens selon la situation. Par exemple, "rara" qui voudrait dire "quelque chose qui roule".
Il ne sait pas encore le sens exact que recouvre chaque mot.
L'enfant utilise aussi des énoncés holophrastiques, c'est-à-dire qu'un mot remplace toute une phrase. Par exemple, "maman" signifiera "donne-moi un bonbon, maman".
Ces proto-mots et ces énoncés holophrastiques sont accompagnés de gestes, de mimiques, du pointage du doigt, qui permettent à l'enfant de suppléer à l'insuffisance linguistique et à l'entourage de comprendre ce qu'il exprime.
Les adultes joueront un rôle important à ce moment, car ils vont reformuler ce que dit l'enfant afin de s'assurer que leur interprétation est la bonne. Ainsi, si l'enfant dit "bonbon" et montre du doigt la boîte à bonbons, l'adulte va préciser "tu veux un bonbon ?".
La communication s'enrichit donc et, dans ce bain de langage, l'enfant va s'approprier ces énoncés petit à petit. Il comprend entre quarante et cinquante mots, dans des situations spécifiques. Il en prononce environ une dizaine.
Vers 18 mois :
On passe cette fois à la parole, aux débuts du langage. C'est le point de départ du langage combinatoire. L'enfant exprime ses idées en juxtaposant deux ou trois mots. Les énoncés sont donc de style télégraphique : "maman bonbon". Les liens syntaxiques sont encore implicites, mais ils sont compensés par le contexte, le geste, l'intonation. L'enfant comprend les énoncés des adultes en situation. Il est capable de montrer des parties du corps, des objets familiers.
Parallèlement à cette évolution du langage, le jeu progresse aussi et le schéma dominant à cette période est le jeu représentatif, le jeu symbolique, le "faire semblant", il marque donc un début de décentration.
Vers 2 ans :
L'enfant fait de courtes phrases. Il exprime la possession. Il utilise le pronom "moi", et aussi la préposition "à moi". Il emploie la négation "pas", tel "pas dormir". Le "non" qui a une grande importance à ce stade est également utilisé. Le langage suit le développement psychologique de l'enfant qui s'affirme peu à peu. Le vocabulaire croît rapidement, avec toujours une prédominance de la compréhension sur l'expression : de cinquante à soixante-quinze mots sont exprimés, environ trois cents mots sont compris.
Le jeux de cette période combinent plusieurs éléments, plusieurs jouets. On observe également des jeux aux caractéristiques spatiales (jeu de coucou, de cache-cache...). Mais, à cet âge-là, les termes spatiaux ne sont pas utilisés.
A 2 ans et demi :
Des mots-outils apparaissent : les articles "un", "une", les prépositions "dans", "dessus", sont employées, les pronoms "je", "moi je", "tu" et "toi" peuvent apparaître également dès cet âge. L'enfant se lance dans ses premières coordinations d'énoncés. Exemple : "Maman est partie et papa est dans le jardin". Cette coordination a une fonction linguistique puisque le "et" assure un lien entre deux énoncés (on a donc un énoncé plus long et plus complexe), et une fonction cognitive en tant qu'articulation logique de discours, l'enfant établit mentalement un lien entre deux événements.
A 3 ans :
L'enfant se libère de l'action présente, il commence à avoir recours à des mots abstraits. Son vocabulaire s'enrichit et se complète d'autres petits mots : des pronoms personnels "il", "elle", des pronoms relatifs "qui", des préposition "qui", "quoi", "à qui", "où". Les articles "le", "la", sont utilisés.
A 3 ans et demi :
Les phrases deviennent plus complexes. L'emploi des auxiliaires "être" et "avoir" (dans les formes au passé composé) prouve que l'enfant commence à cerner la notion de temps, "il est tombé", "il a mangé". Les articles "les", "des", apparaissent, ainsi que les pronoms personnels compléments "me", "te", "la", "nous", la proposition "avec". Les subordonnées relatives (avec qui, que) et complétives se font entendre, mais pas de façon toujours correcte. Exemple : "Maman dit tu dois venir".
L'utilisation de ces marquages grammaticaux montre que l'enfant a repéré des constructions dans le langage d'autrui et qu'il les généralise. Le stock lexical est passé à 1000 - 1500 mots en expression et 1500-2000 mots en compréhension.
A 4 ans :
L'enfant s'exprime le plus souvent correctement sans difficultés grammaticales sérieuses. Il manie des phrases de six mots ou plus. Les subordonnées relatives et, ou, complétives sont, cette fois, produites correctement. L'articulation des sons est souvent correcte même si peuvent persister des troubles sur les sons tels que /ch/ ou /j/ ; "le joli chat" devenant "le zoli sa"... L'enfant emploie le futur proche (il va partir), d'autres pronoms personnels "lui", "eux", des phrases négatives avec "ne pas".
A 4 ans, les bases du langage sont donc constituées... L'enfant comprend autrui et exprime ce qu'il pense. Il y aura bien sûr des enrichissements par la suite.
SOYEZ VIGILANT SI L'ENFANT...
- Ne réagit pas à certains bruits
- Ne babille pas
- Ne répond pas ou ne comprend pas quand on lui parle à voix chuchotée
- Fait répéter, parle fort, parle mal
- Ne semble pas comprendre les consignes
- Souffre d'infections du nez, de la gorge, des oreilles, à répétition
- A tendance à bégayez
- Est maladroit dans ses manipulations
- Se cogne facilement
- Ne sait pas tenir son crayon
- Penche la tête sur le côté pour regarder, ferme un œil pour percevoir au loin, approche très près de ce qu'il regarde
- Se frotte les yeux
Au moindre doute, un bilan oto-rhino-laryngologique (ORL) ou ophtalmologique, après avis du médecin traitant, est à conseiller aux parents.
Laurent Lesecq
Fiche technique N° 6 - éveil - N° 83 (nov 2009) et 90 (juil-Août 2010)
Laurent Lesecq
Fiche technique N° 6 - éveil - N° 83 (nov 2009) et 90 (juil-Août 2010)
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